J’ai décidé aujourd’hui de vous faire part de mon mémoire. Etudiant en Licence MIDEN à Strasbourg et grand fan de technologie, j’ai décidé d’aborder le thème des faux avis sur Internet, et notamment les avis longs rédigés sur les blogs et les journaux, dans le secteur de la high-tech. N’hésitez pas à réagir en commentaires si le contenu vous intéresse 😉
Introduction
Les nouvelles technologies émergent à une vitesse incontrôlable depuis ces dernières années. Ce domaine passionne les plus jeunes et intrigue les plus âgés. Pour moi également, ce secteur fait partie intégrante de ma vie puisque je tiens un site web les concernant. Celui-ci me permet de rédiger des actualités sur des sociétés, sur leurs produits ; et parfois même, je prends la liberté de les évaluer et d’apporter une vision subjective sur leurs pratiques commerciales ou sur la qualité des appareils qu’ils mettent sur le marché. Je n’ai cependant aucune légitimité à le faire : je ne prends aucun cours de journalisme et plus important encore, je n’ai pas encore acquis toutes les connaissances et les compétences pour émettre un jugement pertinent. Je ne suis pas non plus ingénieur en électronique qui lui rassemble toutes les notions nécessaires à la compréhension fonctionnelle du produit. Je suis simplement un passionné de technologie, qui en consomme chaque jour, chaque heure, et qui y consacre chaque mois un budget conséquent.
Si je peux aujourd’hui émettre un avis personnel sur un produit, c’est grâce à un nouveau type de média, le blog. Il s’agit d’un journal de bord qui prend désormais une place imposante dans tous les domaines : politique, mode, et dans celui qui m’intéresse, les nouvelles technologies. Comme je l’ai déjà mentionné, je ne suis ni journaliste, ni ingénieur, et pourtant chaque jour des centaines de personnes consultent mes articles, les commentent, et s’y réfèrent pour se faire un avis sur le prochain antivirus dont ils vont acheter la licence ou pour le prochain Smartphone qu’ils mettront dans leur poche.
Les partenariats incessants entre les marques de haute technologie et les organismes de presse spécialisée laissent penser à une perte de la neutralité de l’information. Ceci a poussé les acheteurs à se diriger vers ce nouveau genre d’écriture, plutôt communautaire, guidé par la pensée libre et la parole osée. Néanmoins, les marques du secteur technologique ont suivi le mouvement et ont pris le tournant du web 2.0, ce qui a permis aux blogs de décrocher tous les partenariats. Il est donc légitime que chaque consommateur de ce type de produit se demande s’il existe encore aujourd’hui une neutralité de l’information, c’est à dire se poser la question de savoir qui des blogs ou des journaux révèlent des conseils impartiaux. Il pourrait aussi se demander comment interpréter les informations trouvées sur la Toile et ainsi distinguer l’écrit libre de l’article sponsorisé. De manière générale, chaque consommateur a le droit de savoir si les nouveaux types de médias sont influencés par les marques, et s’il peut faire confiance ou non à leurs avis.
Dans ce mémoire, nous allons donc d’abord nous intéresser à ce qu’est le domaine de la high tech et son lien avec les médias. Puis nous nous concentrerons sur ce qui oppose un blogueur et un journaliste et enfin, dans un troisième temps, nous essayerons de répondre à la question de savoir si l’information fournie est neutre.
I. Le domaine de la high tech
Le domaine du high tech existe depuis de nombreuses années. Cependant, son émergence sur le web a pris de l’ampleur depuis 2002, pour ainsi créer le domaine de l’e-marketing.
A. Qu’est-ce qu’est la high tech ?
La notion de l’industrie de haute technologie désigne de manière générale les industries reposant sur la recherche et l’innovation [1] Jacques Facher. (1999). La définition des industries de haute technologies. Méditerannée, Numéro 92, Volume 92, pp 41-48. Cependant, cette définition reste très floue et lorsque l’on cherche à la transposer au domaine de l’Internet, on se rend compte que les limites qu’elles imposent ont été totalement dépassées. En effet, les différents termes tels que la recherche, ou l’innovation sont définis de différentes manières selon les protagonistes. (citer quelques exemple de l’article – pourquoi est-ce si compliqué de donner une définition)
Le secteur de la high-tech sur le web désigne plus communément l’ensemble des acteurs, des supports et des produits, traitant de près ou de loin avec des concepts de technologie avancée comme la technologie appliquée au domaine scientifique ou médical, mais aussi de manière plus simple, les produits comme les ordinateurs ou les périphériques mobiles.
Dans mon mémoire, le terme high tech désignera cette définition large, englobant les acteurs liés à l’utilisation et aux commerces de périphériques technologiques.
Il est cependant nécessaire de disposer de supports permettant la transmission de l’information, et ceux-ci sont regroupés sous le terme de “média”.
B. Quels sont les médias qui sont impliqués dans ce domaine ?
De manière générale, la majorité des médias traitent de la high-tech. Les informations sont transmises de différentes manières : sous forme textuelle, infographique, sonore ou vidéo; on retrouve donc l’information du secteur high-tech sur de nombreux supports.
Cependant, il est important de noter que le média où l’on trouve le plus d’informations sur le sujet est Internet. Ce type de média a un point fort, il regroupe, à lui seul, un nombre varié de supports de l’information : on peut visionner des vidéos amateurs ou des émissions réalisées par des professionnels, mais on peut également écouter des podcasts qui sont des enregistrements audio sous forme d’émissions, et enfin lire de nombreux articles traitant de sujets multiples. Au sein de ce média, il existe différentes plateformes de transmission de l’information, telle que les réseaux sociaux, les journaux, mais la plus importante aujourd’hui reste le blog qui permet de relayer au mieux les différents contenus.
a. Les caractéristiques de deux types de médias : le site web d’actualité et le blog
Le blog possède différentes caractéristiques qui sont difficiles à définir. En effet, au fil des années, le blog s’est rapproché de ce qu’on appelle le site web d’actualité professionnel qui est dirigé par des journalistes. Cependant, il existe quelques différences permettant de différentier ces deux plateformes :
– Par définition, un blog revêt une mise en page différente du site d’actualité. Il est le plus souvent présenté sous forme d’une colonne principale contenant des articles successifs triés par date. Il présente également des colonnes latérales contenant des informations annexes comme : la présence du blogueur sur les réseaux sociaux, ses articles les plus populaires, et bien d’autres éléments qu’il serait difficile de citer de manière exhaustive. Le titrage est beaucoup plus expressif et révèle, le plus souvent de façon claire; l’avis personnel du rédacteur sur le produit à propos duquel il écrit. Le contenu de l’article est souvent divisé en différentes parties présentant les caractéristiques techniques, qui sont elles, directement accompagnées d’un avis.
– Le site web d’actualité est construit de manière souvent plus complexe, avec de nombreuses options d’abonnement, d’interaction, une mise en avant claire de certains contenus et une mise en page plus « professionnelle ». Si l’on consulte par exemple les techniques de titrage de la section high-tech du site web du journal Le Monde (http://www.lemonde.fr/high-tech/), on remarque que chaque titre se veut le plus neutre possible. Lorsque l’on s’intéresse plus particulièrement au contenu de l’article, on remarque également que l’accent est mis sur des données chiffrées comme le nombre de ventes du produit, l’avis des utilisateurs selon des études réalisées par des organismes spécialisés, ainsi que sur des critères de popularité basés sur la notoriété générale du produit.
Les blogueurs ainsi que les journalistes peuvent parfois être victimes de leur recherche de succès. C’est ainsi qu’une jeune mythomane a par exemple fait déraper un ensemble de journalistes en annonçant à l’un d’entre eux une fausse information.
Autre exemple, un jeune blogueur a monté une opération d’une simplicité enfantine visant à démontrer que les journalistes autant que les blogueurs sont parfois tellement intéressés par le chiffre que pourrait générer une information qu’ils en oublient les critères fondamentaux de la vérification d’une information. Ce blogueur a en effet réussi à faire croire à plusieurs dizaines de blogs et de grands journaux à une annonce totalement fausse concernant les caractéristiques de la prochaine console de jeu de salon de Microsoft, qu’ils se sont pour la majorité empressés de relayer. Il a révélé la supercherie sur son blog en se permettant de rappeler que les principales qualités d’une information sont qu’elle est sourcée, datée, vérifiée et surtout vérifiable.
Néanmoins, le but de ces plateformes reste le même : transmettre une information au lecteur.
b. Les enjeux de l’information transmise
L’information que ces plateformes transmettent a une cible, les consommateurs. Les enjeux sont nombreux et multiples, mais reposent tous principalement sur des critères de notoriété ainsi sur que des critères économiques. En effet, au cours de ces dix dernières années, l’univers de la high tech a été de plus en plus confronté à de multiples problèmes : des cas de produits dont la sortie fut un échec, des « bad buzz » qui sont des lynchages web dirigés par les internautes à propos d’une marque ou d’un produit, et ce suite à un mauvais comportement de la marque, ou encore à une banqueroute pure et simple pour certains acteurs du secteur, qui n’ont pas pris conscience de l’évolution rapide du média Internet et se sont laissés dépassés par les nouvelles habitudes des consommateurs.
Afin d’éviter ces problèmes, les marques ont eu recours aux journalistes et aux internautes en leur permettant d’émettre un avis sur leur produits. Cependant, ceci a fait naitre un débat qui remet en cause le journalisme en France, et ce sous trois angles différents :
- Une remise en question pure et simple du statut de journaliste : est-ce qu’un journaliste peut se faire payer par une marque contre un avis mettant son produit en avant ?
- Une transformation par la société de la perception des informations diffusées par les différents médias.
- L’apparition d’une nouvelle démarche de journalisme « citoyen » ou « participatif» : de simples internautes comme vous et moi pouvons juger un produit d’une grande marque.
II. La différence entre le blogueur et le journaliste.
Dans cette partie, nous allons nous concentrer sur la différence entre le blogueur et le journaliste. Nous avons précédemment pu constater qu’il existait de nombreuses différences entre les supports associés à ces métiers, et nous allons ici nous intéresser à leur fonction.
A. Au point de vue de la “fonction”
a. Le journaliste
Depuis quelques temps, certains journaux ont crée leur propre blog d’actualité afin de laisser leurs journalistes s’exprimer plus librement sur certaines questions qui font le buzz. Ces journalistes sont donc apparentés à des blogueurs, mais ll faut noter que si le journaliste peut-être blogueur, le blogueur ne peut pas aussi facilement se dire journaliste. En effet, le statut du journaliste est soumis à un ensemble de règles clairement définies.
Parmi ces règles on trouve tout d’abord le statut même de journaliste. Le code du travail nous apprend que : “Est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources.’ (Articles L7111-3 à L7111-5). Il faut donc pour pouvoir revendiquer ce statut être issu de l’une des douze formations de journalisme reconnues par l’état.
On trouve ensuite les droits et obligations liées à ce statut, décrites dans la Charte des Journalistes Professionnels français. Le journaliste se doit de considérer la calomnie, les accusations sans preuve et le mensonge comme étant « les plus graves fautes professionnelles ». Ses articles doivent être originaux et citer les confrères dont il s’inspire. Il doit s’interdire d’être rémunéré par un service public ou par une entreprise privée qui pourrait profiter de son statut, de ses influences et de ses relations. De ce fait, il ne doit jamais signer des publicités de son nom, ni s’abriter derrière la liberté de la presse qui lui donne la liberté morale et la liberté d’expression. Cependant, il profite du droit de protection des sources d’information des journalistes, mais ne doit pas confondre son rôle avec celui d’une autorité compétente.
b. Le blogueur
Le statut du blogueur quant à lui n’est pas encore clairement défini, autant sur le point de vue du statut légal, que sur le point de vue des affaires juridiques. Le blogueur n’étant au point de vue de la loi qu’une personne juridique propriétaire d’un site internet simplifié, il est soumis au droit applicable à tout service de communication en ligne tel qu’il est défini dans la Loi pour la Confiance dans l’Économie Numérique (LCEN) du 21 juin 2004.
Il doit dans un premier temps s’identifier sur son support de publication de manière complète ou partielle. Cela veut dire qu’il peut rédiger sous un pseudonyme ou sous son vrai nom. Cependant, il se doit de fournir à l’hébergeur de son site web ses coordonnées complètes. Le blogueur se doit également de proposer à ses lecteurs un droit de réponse, qui permet à un individu dont le nom apparaît dans une publication d’obtenir une tribune pour exposer son point de vue. Le blogueur dispose également d’un usufruit (le droit de se servir d’un, mais aussi d’en percevoir un possible revenu) sur leur blog, profitant du droit de liberté d’expression tout en respectant les droits d’auteurs ainsi que les droits d’images pour l’intégralité du contenu qu’il met en ligne.
A ce niveau, les choses se compliquent. En effet, nous avons pu mettre en évidence le fait que le blogueur est soumis à moins de devoirs d’ordre éditorial que le journaliste. Cependant, ceci ne dissuade pas les marques de considérer les blogueurs comme de vrais journalistes et de leur fournir des informations en avant-première, de les inviter à de grands évènements ou encore de leur proposer de venir rencontrer leurs équipes dans leurs locaux.
On peut donc penser que les marques mettent tout simplement les blogueurs au niveau des journalistes, quand il s’agit de la diffusion de leurs informations et plus particulièrement lorsque celle-ci est validée et souhaitée par la marque.
De plus, une faille technico-juridique permet à certains blogueurs d’outrepasser les règles qui régissent la mise en ligne de contenu sur le web. En effet, il existe plusieurs techniques, plus ou moins connues, pour que le blogueur se « dé-responsabiliser » du contenu publié. Il peut , par exemple , faire héberger le contenu de son site web à l’étranger afin de profiter du système juridique du pays en question. Le choix du pays hébergeur est souvent fait en fonction du laxisme concernant les lois excercées dans le pays, ou pour l’absence de règles destinées à réguler les sites web.
B. Le terme “information” a-t-il le même sens dans les deux domaines ?
Une information, au sens strict du terme, peut être définie comme un renseignement factuel vérifié et vérifiable qui peut donc être destiné à une transmission à grande échelle. C’est au niveau de cette information qu’est réellement mise en exergue la différence entre blogueur et journaliste.
Le plus souvent, le blogueur, ne disposant pas de la formation d’un journaliste, peut plus facilement se permettre de relayer une « rumeur » qu’il jugera plausible. Si cette rumeur est inexacte, cette erreur de jugement ne lui serait pas aussi fortement reprochée que si c’était un journaliste de formation qui l’avait émise.
C’est pour cela qu’il est absolument nécessaire de distinguer une information issue d’un blog et celle issue d’un journal. L’information transmise par le journaliste semble plus fiable pour plusieurs raisons : il possède les qualités nécessaires lui permettant de différencier les informations réelles des informations plausibles, et de plus, une accumulation d’erreurs dans la vérification de la véracité de ces sources pourrait lui causer d’énormes problèmes, notamment au niveau de sa carrière, alors que ceci n’est pas le cas pour le simple blogueur.
Cependant, au fil des années, les consultations des journaux se font de plus en plus rares, et pour y remédier, les journalistes se sont approprié les articles de blogueurs. Ceci poussent donc, ces journalistes à lire les blogs et à publier en masse les informations qu’il y trouve, sans prendre le temps de vérifier toutes les sources. On peut ainsi, se retrouver dans des cas de scandales médiatiques causés par des informations publiées comme des vérités avérées par des journalistes alors qu’elles n’étaient que de fausses rumeurs montées de toutes pièces par des internautes. Ces articles sont ensuite relayés par les réseaux sociaux, et cette erreur peut prendre une ampleur impensable. Ceci permet de se demander si l’éthique journalistique se dégrade au profit d’une recherche de visibilité souvent hasardeuse et parfois très risquée.
Autre aspect important du journaliste, parfois, un journaliste peut publier un scoop provenant d’une source. Cette information est ensuite relayée par d’autres sites d’informations, puis même à la radio, c’est ce qu’on appelle la “circulation circulante”. Prenons l’exemple du Parisien, qui, le 9 mars 2013 a publi une interview d’une jeune mère porteuse française de 24ans. Ceci a constitué une aubaine pour ce journal car cet acte est interdit dans notre pays. Tous le monde s’est relayé l’information, dans les plus différents journaux (Figaro, Elle, 20 minutes) et même à la radio (France bleu, France Info). Le dimanche, France 3 publie un reportage et l’information est remise en cause par journaliste Emmanuelle Geuns sur RMC. Il s’est avéré que la mère porteuse ne l’était pas, ce n’était qu’une mythomane. Les médias ont dû rattraper l’erreur en publiant des rectificatifs.
Nous pouvons donc nous demander où est passée la qualité de l’information. Dans notre cas, nous pouvons nous questionner sur la neutralité des informations.
III. L’information produit est-elle neutre ?
A. Vers une recherche de la neutralité de l’information.
L’information, lorsqu’elle est neutre, est caractérisée par son aspect dénué de subjectivité. L’ensemble des données fournies dans le message relève de critères purement objectifs qui permettent au lecteur de se faire sa propre opinion. L’information neutre est normalement le fer de lance de la presse écrite. Cependant, il arrive de pouvoir distinguer des journaux par catégorie en fonction de leur opinion politique ou de l’avis concernant un sujet d’actualité important mis en évidence dans leurs écrits.
Le débat de la neutralité du net est aujourd’hui en France un débat qui fait rage. Les politiques se sont succédé sur cette problématique, mais ni Christine Albanel à la Culture de la Communication, ni Nathalie Kosciusko-Morizet ou Fleur Pellerin à l’économie numérique ne sont parvenues à trouver une solution. Ce principe de neutralité est traduit par l’ARCEP, gendarme des télécommunications françaises qui nous dit que : “ La règle générale est que tout utilisateur doit être techniquement capable de communiquer avec tout autre et d’échanger tout type de contenu ”.
Nous possédons donc le droit, sur Internet, de s’exprimer librement et de consulter tout type de contenu, en prenant garde de respecter les lois en vigueur. Ce débat s’impose dans mon raisonnement, car les blogueurs sont les fiers détenteurs d’une liberté d’expression quasi totale. Parfois, certains blogueurs se permettent de frôler la diffamation envers les entités sur lesquelles ils nous fournissent un article. En effet, ce type de blogueur semble penser que leur pseudonyme leur fait office de « pare-feu juridique », les éloignant ainsi des personnes morales qui pourraient vouloir les traîner en justice. Les journalistes, constamment épiés par les marques, surveillés par leurs responsables, ne profitent pas de cette même ampleur libertaire.
Malgré cette liberté accrue par rapport aux journalistes, les blogueurs oublient parfois d’être entièrement objectifs dans leurs écrits, notamment dans l’avis qu’ils fournissent à propos d’un produit high tech. Il est donc important de noter qu’Internet, ce grand réseau mondial qui était autrefois le média du partage de l’information, est aujourd’hui plus connu comme l’espace mondial virtuel de la libre opinion. Les articles sont, certes, de plus en plus subjectifs, mais ce sont les lecteurs qui deviennent de plus en plus friands d’un avis personnel en réponse à une question qu’ils se posent, plutôt que le résumé objectif de caractéristiques d’un journaliste qui les laissera perplexes. Les blogueurs l’ont bien compris, et les marques également.
B. La question de l’indépendance de l’information
Pour le lecteur lambda, il est devenu difficile, voire parfois impossible, de déterminer la neutralité d’une information et de pouvoir juger de sa qualité. Les blogueurs sont notamment issus de formations et de parcours divers ce qui leur profère un avantage important. En effet, ils ne sont rattachés à aucune structure, et il est donc plus facile pour les lecteurs de s’identifier au blogueur dont ils lisent l’avis produit. Ils leur aient également plus facile d’interpréter leur opinion comme étant subjective. Cependant, selon les éléments décrits précédemment, ce constat a vocation a être rapidement réguté. En effet, alors que les journalistes s’engagent normalement sur la neutralité de leur contenu et le contrôle des financements de la part d’organismes privés, les blogueurs, eux, peuvent accepter tout les partenariats qu’ils veulent presque sans contraintes. De ce fait, les blogueurs peuvent se laisser tomber dans le piège des marques et être poussés à fournir un avis positif sur les produits.
Les marques ont rapidement compris cette facette du blogueur et n’ont pas mis longtemps à adapter leur mode de communication. Ils ont réservé un budget permettant de financer des blogueurs chargés de rédiger du contenu divers comme des avis sur la marque ou sur les produits en leur faveur, mais aussi de diffuser des communiqués de presse ou encore des jeux-concours visant à renforcer l’image de la marque. La première dérive de cette pratique est que certains blogs oublient tout principe de neutralité pour finir comme « vitrine » pour une ou plusieurs marques. Le consommateur visitant cette vitrine ne saura plus distinguer l’article proposé par une marque et l’écriture volontaire de la part du blogueur.
L’État français tente néanmoins d’apporter des idées en terme juridique afin de protéger l’intérêt des lecteurs. La décision la plus importante la plus récente concerne les articles sponsorisés qui sont des billets de blogs qui sont tout simplement écrits par les blogueurs à la demande d’une marque moyennant finance. Cette décision stipule notamment que tout billet de blog financé par une marque devra porter dans le titre ou au moins le contenu la mention de « Billet sponsorisé », sans quoi l’auteur de celui-ci s’expose à des sanctions financières pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros.
Comment se passe une collaboration marque-blogueur et comment empêche-t-elle la neutralité de l’information ?
C. Une collaboration marque – blogueurs au détriment de la neutralité de l’information – exemple d’un professionnel
La collaboration entre les blogueurs et les marques est devenue aujourd’hui une pratique marketing omniprésente et quasiment indispensable. Quand on sait que le prix d’un spot publicitaire, d’environ 30 secondes, à la télévision sur une chaîne grand publique comme TF1 coûte entre 40 000 et 150 000 euros. Pour limiter ce coût, certaines marques se servent du web pour faire leur publicité à travers les blogs. Ceci permet de faire des millions de chiffre d’affaires sans jamais être présent à la télévision et en réservant un budget marketing beaucoup plus bas.
Le contact entre les marques et les blogueurs se fait de manière générale par trois moyens :
- La marque peut prendre directement contact avec les blogueurs. Ce moyen est le plus souvent utilisé par les petites structures, dans lesquelles les partenariats sont gérés par le responsable marketing ou le responsable communication.
- Les marques peuvent également passer par une agence de relation-presse classique. Ces agences, même si elles s’adaptent de plus en plus aux nouveaux médias, ont encore des techniques trop peu adaptées au web.
- Enfin, des agences dites digitales, qui ont fait leur apparition ces dernières années, et elles réservent presque l’ensemble de leurs opérations à des supports web.
J’ai consulté une agence de ce dernier groupe, spécialisée dans les relations blogueurs. A l’inverse d’un magazine de presse papier dont il est plus ou moins facilement possible de chiffrer la notoriété, grâce notamment au nombre de ventes, la chose se complique lourdement lorsqu’il s’agit des blogs.
Cette agence parisienne, OutilsduWeb, est une agence digitale qui a réalisé une grande enquête nationale à destination de 150 blogueurs plus ou moins influents, dont le but était de savoir les marques avaient ou pas, une grande influence sur eux.
J’ai eu l’occasion de consulter des résultats partiels de l’enquête dont ressortent déjà quelques chiffres intéressants. Ils commencent par préciser que, selon une étude BlogHer, 88 % des internautes consultent des avis avant de procéder à un achat. Ces internautes déclarent également être influencés par ces avis. Selon cette même étude, l’influence des blogs dépasse celle des magazines papier dans certains domaines : 63,3% des femmes déclarent être influencées par des blogs pour l’achat de produits de beauté contre 26,4% par des magazines. 52 % des blogueurs disent être contactés plus de cinq fois par semaine, et 47% des blogueurs interrogés disent que plus d’un tiers de leurs articles sont issus d’un contact avec une marque. Cela nous révèle que les échanges entre marques et blogueurs sont beaucoup plus présents que ce que l’on peut croire.
L’agence que j’ai consultée m’a également fait part de ses critères de sélection de blogs, qui révèlent une vrai réflexion à la recherche de l’alternative parfaite aux critères statistiques. Ces critères sont les suivants, du plus au moins important :
- Ancienneté
- Qualité d’écriture
- Engagement des lecteurs et réponse des blogueuses
- Critères techniques (statistiques consultables comme le Alexa Rank)
Le membre d’agence avec qui j’ai été en contact a décidé de résumer ses critères de sélection en les répartissant de la manière suivant : 30% de notoriété, 30% d’engagement des lecteurs du blog, et 40% pour la qualité visuelle et technique du blog.
Conclusion
Le web est dominé par le nombre d’informations publiées par les journaux en ligne, profitant de leur ancienneté, de leur notoriété déjà imposée et de leurs moyens importants pour publier du contenu en ligne en gardant un auditoire assez conséquent.
Le blog, nouveau challenger, dispose lui de l’avantage du nombre, c’est-à-dire qu’il s’inscrit au sein d’un réseau dont l’ampleur peut rapidement s’avérer conséquente. Il dispose aussi d’une liberté d’écriture bien plus large, qui lui permet de produire un contenu beaucoup plus frappant, dont les lecteurs sont aujourd’hui friands.
Cette logique est parfaitement compréhensible. Imaginez que vous entrez dans un magasin qui vend du matériel high-tech. Vous avez clairement en tête que ce magasin dispose de partenariats avec des grandes marques qui lui fournissent des produits et qui lui permettent de les vendre. Certains produits peuvent être mis en avant par leur qualité, mais ils peuvent aussi être en tête de gondole parce qu’ils se vendent mal et qu’ils nécessitent un coup de boost marketing. Lorsque vous êtes dans ce magasin et que vous souhaitez acheter, par exemple, un téléviseur, vous commencez par en consulter la fiche produit. Celle-ci vous indiquera le prix du téléviseur ainsi que sur ses caractéristiques techniques. Cette fiche peut en être accompagnée d’une seconde qui vous dira que 70% des acheteurs de ce téléviseur en sont satisfaits, ou encore qu’il a remporté le prix du meilleur téléviseur pour l’année 2010. Celle-ci vous renseignera de manière plus ou moins précise sans pour autant vous dire de manière précise s’il correspondra à vos attentes. Cette première présentation produite est l’image de celle que nous avons pu constater dans l’analyse du journal en ligne : elle se base principalement sur des statistiques et des distinctions généralistes dont l’origine nécessite un approfondissement de la part du consommateur.
Dans une seconde mise en situation, imaginez que vous êtes chez un ami qui lui a acheté ce même téléviseur. Il en fait les mêmes utilisations que vous : il allume principalement son téléviseur pour visionner des films en trois dimensions, mais également pour jouer de temps en temps et parfois pour y relier son ordinateur afin d’utiliser le téléviseur comme second écran. Il vous dira dans un premier temps, si ces utilisations sont possibles, faciles et convenables, mais aussi ce qu’il en pense. Cependant, il est important de noter que l’avis qu’il va vous donner peut être influencé par son caractère, son mode de vie, ses ressentis. Par exemple, votre ami peut n’avoir jamais possédé de téléviseur de ce type ou bien en avoir plusieurs, il peut être spécialiste de la technologie ou complètement amateur, et de ce fait, selon la situation, son avis peut être totalement différent. Néanmoins, dans toutes ces situations, il fera appel à ses émotions pour tenter de vous décrire au mieux ce qui pourrait vous pousser ou non à acheter ce téléviseur.
Pour répondre à la question, est-ce-qu’il existe sur Internet des médias neutres concernant les avis produits dans le secteur de la high-tech ? On peut souligner le fait, que dans les deux médias principaux que sont les journaux et les blogs, la question est, vous l’aurez compris, complexe. L’information neutre peut être trouvée dans les journaux, et dans les blogs, ou dans aucun d’entre eux. C’est pour cela qu’il est important pour le consommateur de varier au maximum les supports sur lesquels il se renseigne afin de motiver son futur achat.
Nous pouvons penser que le plus simple reste pour l’utilisateur, de se confronter à l’achat et de le tester lui même en boutique, de s’en faire une opinion. En effet, un avis produit semble souvent rester trop dépendant du caractère de celui qui le met en ligne. Un produit qui plait à un utilisateur A, ne plairait pas forcément à un utilisateur B. Il convient donc à l’acheteur de réfléchir murement à son achat au lieu de s’aventurer à lire différents avis qui pourraient le faire passer à côté d’un produit qui lui aurait convenu.
Sources connexes
Bibliographie :
- Exemple de Bad-buzz : Samsung confond blogueur et homme-sandwich http://www.slate.fr/lien/61263/samsung-blogueurs-promoteurs
- Quelques explications sur le bad-buzz pour les marques, les blogueurs et les internautes http://www.cyroul.com/campagnes-pub-on-line/marques-blogueurs- et-crise-de-bad-buzz/
- Les blogueurs payés peuvent-ils être objectifs ? http://www.emarketinglicious.fr/blogging/les-blogueurs-payes-peuvent-ils-etre-objectifs
- Des techniques marketing poussées voire illégales utilisées par les marques http://korben.info/techniques-secretes-controler-forums-opinion-publique.html
- La guerre blogueurs contre journalistes http://www.lexpress.fr/actualite/medias/la-guerre-blogueurs-contre-journalistes-a-commence_1214750.html
- De faux pirates somaliens piègent des journalistes http://www.slate.fr/lien/70359/faux-pirates-piegent-journalistes
- Une analyse de l’évolution du comportement des acheteurs due à l’explosion de l’achat en ligne http://www.credoc.fr/pdf/Sou/Profil_%20desacheteursadistance_et_en%20ligne_2012.pdf
- La situation aux Etats-Unis concernant les blogs et l’identité journalistiques http://www.cairn.info/revue-reseaux-2006-4-page-139.htm
- Raphaella, fausse mère porteuse, mais vraie mythomane http://lci.tf1.fr/france/societe/raphaella-fausse-mere-porteuse-mais-vraie-mythomane-7876980.html
- Comment un blogueur a dupé plusieurs grands journaux sur la sortie de la prochaine Xbox (en anglais) http://x-surface.tumblr.com/
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