Internet

J’ai mal à mon Internet

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Internet, je ne te comprends plus. Tu me fais rire, tu me divertis, puis tu me déçois. Ça fait longtemps qu’on est ensemble toi et moi, mais aujourd’hui tu m’effraies, je ne comprends plus où tu vas.

Loi de programmation militaire : le risque de l’agrégation

Si vous n’avez pas encore entendu parler de cette loi, c’est peut-être elle qui viendra à vous. L’inquiétude et la révolte sur le web est discrète, car cette loi a été votée silencieusement par l’Assemblée le 3 décembre et examinée par le Sénat le 10. Ce texte, entre autres choses, prévoit notamment d’autoriser l’Etat, dans toute sa grandeur et sa bienveillance, à avoir accès à toutes vos données opérateurs télécoms, fournisseurs d’accès à Internet, et hébergeurs de sites web. Et cerise sur le gâteau, la décision d’un juge ne sera pas toujours nécessaire.

« Mais Outhman, pourquoi ? » Pour lutter contre le terrorisme, pardi ! Depuis l’époque Sarkozy, le 11 septembre, Madrid, Londres, Fukushima (lol), nous sommes entrés dans l’ère de la surveillance (que dis-je, de l’espionnage) et de la tolérance zéro.

Mais derrière de belles paroles de la part de nos chers dirigeants se cache un danger bien réel. L’Etat mettra bien sûr sous surveillance des personnes ayant un profil particulier. Tu as entre 20 et 30 ans, une barbe, tu achètes souvent du scotch double face et du bicarbonate de soude ? Bravo, tu gagnes le droit à une écoute complète jusqu’à ton trou de… serrure. L’agrégation d’informations représente un réel risque car elle fait de chacun de nous une menace. Mais l’Etat pourra faire plus. Les solutions technologiques actuelles dont dispose l’Etat permettent de mettre en place une écoute « globale » sur plusieurs supports. Vous parler d’avions, de ponts, et d’explosifs dans la même journée ? Peu importe que vous soyez chimiste, pilote ou architecte, vous n’êtes qu’un terroriste potentiel.

Les agents des ministères de la Défense, de l’Intérieur mais aussi du Budget pourront, en temps réel, utiliser l’une des solutions d’espionnage à leur disposition sans autorisation préalable de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité. Ils pourront en extraire aussi bien des données techniques que n’importe quel document ou information. Et comme ils se branchent à votre FAI ou votre opérateur téléphonique, autant dire qu’ils connaitront jusqu’à la couleur de votre slip.

C’est dangereux, très dangereux.

Youtube et le fair-use

Comme si les esprits n’étaient pas assez échauffés, Youtube vient de durcir ses conditions générales d’utilisation et notamment celles relative au fair-use. Le fair-use, c’est (c’était ?) la possibilité pour tous les vidéastes professionnels et amateurs (je déteste le terme « youtubeur ») d’utiliser des contenus copyrightés avec parcimonie. Cela permet par exemple les covers, les tests de jeux-vidéos, les avis sur les films et les séries, en gros tout le contenu qui fonctionne aujourd’hui sur Youtube.

Youtube, si il n’était pas aussi gros, se mettrait clairement une balle dans le pied avec une telle modification. Sauf que Youtube, c’est Google, que Google pèse quelques milliards, et que l’avis des utilisateurs au final on s’en fout. T’es pas content ? Va sur Dailymotion. Sauf que le problème se situe à notre niveau. Je consomme énormément de contenu vidéo sur Youtube. Je me suis même planté une fourchette dans la cuisse en désactivant Adblock sur Youtube parce que je suis respectueux du service, et que j’ai envie d’apporter mon centime au créateur de la vidéo qui m’occupe pendant plusieurs minutes.

Mais la tune au final, on s’en fout. Ce qui importe c’est la qualité du contenu. Si Youtube ne revient pas en arrière, on va avoir une suppression massive de vidéos, mais alors massive de chez massive. Je n’aurai même pas peur de parier que plus de 50% des vidéos publiées sur Youtube sont concernées. « Mais Outhman, le droit c’est pour tout le monde ! ». Certes, je suis totalement d’accord avec le fait qu’il faut respecter le travail des artistes.

Le problème est ailleurs. Ceux qui sont sur Youtube ne le font pas toujours pour l’argent. Après, ils y passent du temps, le temps c’est de l’argent, tout travail mérite salaire, alors je ne vois pas pourquoi le mec qui fait 3h de tournage et 10h de montage ne pourrait pas gagner quelques centaines d’euros pour s’acheter une nouvelle caméra ou un nouveau PC et me proposer un meilleur contenu.

Justin Bieber, Activison, ou Pixar, doivent impérativement s’adapter à l’évolution de la demande de contenu (Bordel de merde ! Voilà, je m’énerve). On ne paie plus pour de la musique, car c’est dématérialisé. On paie pour un service comme Deezer qui nous permet d’avoir sa musique partout, tout le temps. Avec les produits dérivés, les concerts, le cinéma, croyez moi que les villas à Las Vegas se vendent encore comme des petits pains.

Clore l’accès au fair-use, c’est resserrer l’étau de la liberté d’expression. Au lieu de tests de jeux-vidéos fait par des passionnés, il faudra obligatoirement aller sur une chaîne approuvée par la société éditrice du jeu. Vous verrez, soudainement tous les jeux seront géniaux. Certes, ça oblige les créateurs à concevoir uniquement du contenu original, avec bande son libre ou faite maison. Non seulement le contenu sera infime par rapport à aujourd’hui, mais en plus il sera souvent pourri.

Cats, Boobs, and Drama

Si on continue à accepter ce genre de suppression de droits, on se dirige lentement vers un Internet ou il n’y aura plus que des photos de chats sur Instagram, de la pornographie, et des sites d’information qui nous exposent les drames du quotidien. Parce qu’au final c’est ça qui marche aujourd’hui. Plus c’est mignon, plus c’est porno, plus c’est catastrophique, plus ça fonctionne.

Je rêve d’un Internet libre où se côtoient contenus originaux et avis non-dirigés. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », je vous laisse méditer sur cette phrase de Lavoisier, en rêvant à un avenir meilleur pour Internet.

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